Projection privée met en scène un couple à la dérive, qui n’a plus rien à échanger depuis belle lurette. Les deux conjoints sont devenus des étrangers l’un pour l’autre et seule la force de l’habitude les maintient ensemble sous le même toit. La femme passe ses journées vautrée sur un canapé à regarder la télévision et à ingurgiter compulsivement feuilletons et spots publicitaires, dont elle a fait son unique nourriture. Pendant ce temps, l’homme s’en va chercher ailleurs ce qu’il ne trouve plus chez lui et ne se gêne pas pour ramener des filles à la maison. Ce soir-là justement, il rentre du Copacabana en galante compagnie. Tous les ingrédients sont réunis pour que le trio joue (ou rejoue) la grande scène sordide de l’enfer domestique, avec vaisselle cassée, portes qui claquent et noms d’oiseaux. Mais l’intrusion d’un quatrième personnage la télévision, va venir bouleverser ce scénario et faire basculer la pièce dans l’absurde. C’est autour d’elle que va se polariser le conflit, qui, dès lors, va prendre les formes les plus inattendues et les plus explosives. En imposant son ordre (celui de l’irréalité) et en exerçant son emprise tyrannique sur les trois autres personnages, la télévision va leur faire perdre leurs ultimes repères et les derniers liens qui les rattachaient encore à un semblant de réalité.
Création à Belfort. Représentations à Meaux, Paris, Fréjus et Avignon off 2006.